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Surfer dans la toile de la vie !

Tarik Chechak

Nos sociétés modernes, urbaines, digitales et consuméristes, entrainent une déconnexion de l’expérience des individus au vivant dans leur quotidien, et une méconnaissance des règles qui régissent les interdépendances essentielles dans les réseaux vivants.

 

Cette nouvelle distance avec le vivant sous toutes ces formes ne nous incite plus à nous questionner sur la vraie nature de ce qui nous rend heureux et nous empêche de véritablement prendre soin de nous-mêmes, de nos sociétés humaines, et des écosystèmes qui hébergent des espèces qui nous sont indispensables !

Comment cultiver un “moi élargi”, un “plus que moi”, et la conscience d’une inscription des humains dans la toile de la vie ? Comment réinterroger la quête légitime du bonheur individuel, pour l’inscrire dans la joie du « prendre soin » de ce qui nous est à tous essentiel ?

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La « Nature » c’est ma nature !

Tarik Chekchak

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MON IDEE

L’idée est de proposer des actions simples et quotidiennes via un outil ludique, pour augmenter la perception de notre place dans la toile de la vie.

Il s’agit de comprendre et de célébrer cette place, en regardant en face les défis à relever, pour susciter des changements de postures qui éclaireront nos futures propositions de réponses à ces enjeux.

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COMMENT CA FONCTIONNE ?

L’initiative pourrait prendre la forme d’un outil pour accompagner un processus personnel. Par exemple, développer un jeu de progression qui paradoxalement utiliserait les outils digitaux mais pour augmenter notre expérience des relations dans la toile de la vie !  Le digital, habituellement source de déconnexion au vivant, est là utilisé pour nous y reconnecter.

 

Peu importe la forme de l’outil, l’idée est d'accompagner les individus à changer de posture par un partage ludique de connaissances des « principes du vivant » qui ont émergés de plus de 3,8 milliards d’années d’évolution du vivant sur Terre. Ces principes du vivant seraient couplés aux principes humanistes qui nous permettent de « faire société » sans que le bonheur de quelques-uns, se fasse au prix du malheur des autres…

Il s’agit donc ici de travailler « en amont » et de faire confiance aux solutions qui émergeront de cette nouvelle perception « augmentée » de notre place dans notre planète vivante.

 

0/ Prérequis fondamental : l’approche systémique et les trois niveaux de soin

Les sujets les plus importants sont traités en silo aujourd’hui : le social, le politique et la démocratie d’une part, le climat et la biodiversité de l’autre. On a très souvent tendance à cloisonner.

Comment décloisonner pour amorcer cette reconnexion au vivant ? Travailler simultanément sur 3 niveaux, qui reflètent 3 types de soins, reprenant en cela l’adaptation que Patrick Desgeorge a fait du contrat naturel de Michel Serres :

 

  • Prendre soin de soi-même (ex: alimentation saine, culture générale, sport, méditation, yoga, maintien du lien avec la nature) : ce premier soin se veut être une réponse au sacrifice du bien-être sur l’autel de la productivité, aux « burn-out » qui en résultent. Malgré les injonctions, il s’agit d’imaginer des stratégies pour ne pas se laisser noyer dans une culture de la performance, mais véritablement se donner du temps pour faire le point sur sa vie, et prendre soin de son corps et de son esprit ;

  • Prendre soin de ses sociétés (ex: son village, son immeuble, son quartier, sa communauté, s’engager dans des processus de démocratie...) : ce deuxième soin se veut une réponse aux désengagements démocratiques, aux désillusions politiques , aux « foules solitaires » de personnes qui se côtoient tous le jours mais ne se reconnaissent pas. Mais c’est également retrouver l’importance de partager et co-gérer des communs. Cultiver le bonheur d’essayer de faire ensemble « société », de faire émerger des raisons « d’être ensemble » et des visions partagées ;

  • Prendre soin des écosystèmes qui nous accueillent : élargir les « vivre ensemble » a « plus que l’humain ». Pas d’humains sans l’oxygène de la photosynthèse des plantes, sans les espèces dont nous nous nourrissons, sans les pollinisateurs, sans la poésie d’un brame de cerf en automne, sans des enfants qui jouent dans une forêt ou sur une plage… Il n’y aura d’avenir pour l’humanité que si nous stoppons la 6ème extinction de masse des espèces que nous provoquons et que nous proposons des économies régénératives. Et nous souhaitons transmettre ce troisième soin pas simplement en proposant « d’arrêter de faire mal », mais par le désir de relations respectueuses et mutuellement bénéfiques, par la célébration de pouvoir vivre sur une si belle planète vivante.

1/ Objectif : apprendre à connaître ses voisins (non-humains)

Il s’agit de travailler simultanément le ressenti (en observant) et la connaissance (en s’intéressant à ce qui nous entoure). Lorsqu’on développe son savoir sur la nature, la biologie, les arbres, les animaux, on intensifie et on complète son ressenti. Il existe de très nombreux outils pour améliorer sa connaissance de la nature au quotidien et faire revenir le vivant au centre de ses préoccupations.

Pour ne citer que quelques exemples parmi une liste beaucoup plus longue:

Des applications pour observer et apprendre les détails de ce qui nous entoure: Plantnet ou Seek pour identifier les végétaux ou les animaux qu’on rencontre au quotidien, Google SkyMap pour identifier les étoiles, Deep Time Walk (la marche du temps long) pour mieux comprendre l’origine du monde et ressentir concrètement le chemin parcouru depuis le big bang, etc.

La biophilie en général qui peut revêtir une multitude de formes : le jardinage, les bains de forêt, l’ornithologie...

Des classes vertes de reconnexion à la nature pour les enfants

 

2/ Concrètement, l’idée de l’outil pourrait être de développer une version détournée de “Pokemon Go” : un jeu de progression qui permettrait, au lieu de rechercher des avatars fictifs dans le monde réel, faire entrer du réel (des animaux, des plantes) dans un monde digital. L’objectif du jeu est clairement de pousser à l’observation et à la compréhension du vivant au quotidien, même dans des zones très urbaines où la nature semble absente en théorie. Le jeu proposerait des principes guidant l’incarnation des changements de postures, un mélange de principes du vivant (issus de l’observation des stratégies de la vie sur Terre) et des principes de l’économie humaniste, sociale et solidaire.

 

3/ Pour démarrer concrètement la conception du jeu : réfléchir à un design intelligent et une esthétique qui permettraient de guider le questionnement des individus et d’amorcer le changement de posture recherché. Créer une gamification de l’expérience, un challenge qui permettent à tous ceux qui participent de mesurer leur progression, leur impact sur eux-mêmes, sur les autres et sur le monde.

 

Point de vigilance : une boîte à outils des applications ou ouvrages existants sur le sujet risquerait de nous faire oublier l’approche systémique. L’important c’est de titiller des changements de posture,  plutôt que d’être dans la liste d’exemples. L’intéressant c’est l’intention. Il s’agit de parler d’un rituel et d’une hygiène mentale et physique quotidienne, c‘est pourquoi il faut privilégier le processus plutôt que les conseils pratiques spécifiques qui peuvent cependant être présents à titre d’exemples. On parle ici de maïeutique : l’important est de montrer le chemin en posant les bonnes questions pour amorcer les changements d’attitudes, aider à ce que chacun trouve lui-même son propre itinéraire et se l’approprie.

POUR ALLER PLUS LOIN

1/ Pour savoir comment pousser les individus au changement et à l’action, 2 références peuvent aider:

  • Erwan Lecoeur et ses leçons de l’écopsychologie : à travers la compréhension des dynamiques impliquées dans le changement, on peut être plus efficace pour inciter les gens à changer. Comment passer de l’expérimentateur farfelu à la nouvelle tendance qu’il faut suivre (dynamiques sociales, mythes de transformation) ? Sa connaissance pourrait aider à orienter l’initiative pour faciliter le processus de changement chez les individus

  • Johanna Macy et la théorie de la Spirale du changement (https://www.joannamacy.net/main) :

    • Entrer dans la gratitude (beauté du monde de la biodiversité, chance de vivre sur cette planète)

    • Affronter notre peine pour le monde : pourquoi il faut que cela change (commencer avec le problème directement ne donne envie à personne de s’engager. Il faut commencer par célébrer la beauté du monde et être reconnaissant)

    • Dans un troisième temps, passer à l’action

  • L’anthropocène positive proposée par Patrick Viveret

  • Le jeu de cartes des principes du vivant développé par HEP education en partenariat avec l’IFs et le CEEBIOS : https://www.hep-education.com/ressources/

 

 

2/ Références bibliographiques sur le changement de posture :

  • Gauthier Chapelle-Servigne : Le Vivant comme modèle ; La coopération, l’autre loi de la jungle

  • Fritjof Capra : La Toile de la vie

  • Fondation Michel Serres (Patrick Desgeorge)

  • Territory Lab (Olivier Massicot) territoire biomimétique

  • Ecole pratique de la Nature et des Savoirs (Thierry Geffray et Eric Julien)

3/ Idées supplémentaires à creuser

  • Agence régionale pour la biodiversité : quels sont leurs outils pédagogiques?

  • Association En’Jeux Communs : voir quels jeux existent déjà sur la découverte des espèces (jeu de plateau Wingspan permet de découvrir les oiseaux)

  • Association Tela Botanica (il existe un Escape Game téléchargeable avec la découverte des plantes)

  • Quels éditeurs de jeux vidéo en France peuvent porter ce type de projets (Ubisoft? voir IcoPartners)

  • Les hackathons IndieGamespourrait en fait un sujet de concours,...

  • Les éditions Volumique à Montrouge font des choses très interactives et ludiques.

  • Des partenaires techniques de reconnaissance d’image peuvent aussi aider

 

4/ Références de jeux interactif qui aident à une reconnexion avec le vivant :

  • MyLiver (mon foi quand je bois) : anthropomorphisation d’un organe. On peut discuter et interagir avec son foi. On apprend comment il gère l’alcool selon différents paramètres avec humour et légèreté. My liver propose aussi des jeux dans le jeu (le foi fait faire à son propriétaire un memory ou une épreuve physique au cours de la soirée…)

  • Geocache : communauté de chasse au trésor à l’échelle mondiale. Cette application peut aussi apporter de l’information de manière ludique sur la faune, la flore et l'écosystème.

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BIO

Ingénieur écologue, ancien directeur Sciences et Environnement de l’Equipe Cousteau, passionné par la diversité et l’ingéniosité du vivant, Tarik CHECKCHAK est spécialisé dans l’éco-conception bio-inspirée (biomimétisme).

Son coeur de métier: la protection de l’environnement et les enjeux de développement, créer des ponts entre la biologie et d'autres disciplines.Passionné des milieux polaires, il est chef d’expéditions arctiques et antarctiques depuis plus de 20 ans. Il est actuellement Directeur du Pôle Biomimétisme de l’IFs et associé Pikaia.

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